Les Larmes d’Astyanax
Les Larmes d’Astyanax
Monodrame pour voix d’enfant de Olivier Dhénin Hùu
Musique de Benjamin Attahir
Argument
Fils d’Hector, petit-fils du roi Priam, Astyanax est l’héritier de Troie. Il apparaît dans L’ILIADE d’Homère, dans LES TROYENNES d’Euripide et de Sénèque, Ronsard en fait le héros de son épopée nationale LA FRANCIADE tandis qu’il est l’objet de toutes les tractations dans la tragédie de Racine consacrée à sa mère ANDROMAQUE. Selon les versions, il est donc vivant ou assassiné par Ulysse — précipité du haut des murs de Troie.
Chez Homère il pleure simplement ; muet chez Euripide, un hémistiche lui est consenti par Sénèque dans sa tragédie : « Ma mère, ayez pitié de moi ! », tandis que chez Racine, il est totalement absent de la scène. Olivier Dhénin Hùu le fait survivre également, mais place l’action du drame sept ans après la chute de Troie. Il donne ici la parole à l’enfant muet qui a grandi, pour qu’enfin il nous confie son histoire. Aède de sa propre légende, Astyanax se retrouve ici face à son destin.
Écho universel de l’enfant résistant à la guerre, au carnage et aux catastrophes du monde réel, ce projet s’inscrit à la fois dans la tragédie antique, mais aussi dans celle de notre temps, laquelle, d’Edward Bond à Sarah Kane, n’a cessé de questionner la place de l’enfant au plateau. L’œuvre sera accompagnée d’une musique originale de Benjamin Attahir, permettant une polyphonie pour l’interprète. Le monodrame usera de toutes les variations de la voix parlée : la déclamation portée par les instruments, le « parlé-chanté », et enfin le chant, ultime transfiguration de la voix humaine. Ainsi Astyanax entremêlera-t-il une parole épique, élégiaque et tragique pour raconter le point de vue du survivant, du vaincu, la part manquante d’un père disparu et la mémoire d’un pays mythique.
Intention
Je pense à ce que dit Georges Steiner dans LA MORT DE LA TRAGÉDIE, où il affirme que le rationalisme contemporain a changé la conception que les hommes se font du monde, au point de supprimer le tragique ainsi que le romantisme. La tragédie est morte parce que toutes les idéologies vivantes, christianisme, rationalisme ou marxisme, sont antitragiques analyse également Guy Boquet. Ce monodrame d’Astyanax s’apparente clairement à une tragédie : tout s’est passé en dehors de la scène, tout n’est que narration comme chez Racine. Le personnage raconte des faits terribles, endossant le rôle du survivant face à un traumatisme incommensurable. Témoin de la faillite politique et de la bassesse humaine, il parle, lui qui n’était qu’une image dans les tableaux néoclassiques, qu’une présence absente chez les Tragiques grecs. Osant affronter sa psyché et son passé, la logorrhée qu’il développe est bien clinique, celle d’un malade (le survivant), évoquant ainsi ce trouble du langage caractérisé par un flot de paroles, incoercible et rapide. Il ne cesse de parler, lui qui était si taiseux, et c’est une crise de la parole qui caractérise cette cantate à une voix. Le tragique est « ce mystère d’une culpabilité de l’innocence (qui) ne peut se situer qu’à l’extérieur de la raison » explique Doménach dans son RETOUR AU TRAGIQUE. Astyanax est innocent et coupable d’avoir survécu, et la folie qui germe en lui ne peut être que salvatrice. Il se livre, lucidement, au mécanisme qui l’engloutit : sa propre parole, sa propre vérité.
Olivier Dhénin
Bible
Avec Victor Willams
Texte, mise en scène et scénographie Olivier Dhénin Hữu
Composition musicale Benjamin Attahir
Lumière Anne Terrasse
Plasticien Timothée Chalazonitis
Costume Hélène Vergnes
Assistant à la mise en scène Andreas Tallon
Chef de chant Emmanuel Christien
Régie plateau Héloïse Fizet
Dossier de diffusion
Représentations
Musée Hèbre, Rochefort
13 > 14 décembre 2024
Musée des Beaux-Arts, Angers
6 > 7 décembre 2024
Théâtre du Parc, Parc floral de Paris [sortie de résidence]
23 juillet 2024
Musée national Gustave Moreau, Paris [lecture]
4 & 6 avril 2023
Neuf représentations
Durée du spectacle 85 minutes
Production
Winterreise Compagnie Théâtre / Ensemble Ars Nova / La Scène Watteau
Remerciements au Théâtre du Parc – Théâtre Dunois, Paris
Avec l’aide au projet de la DRAC Nouvelle-Aquitaine