Le Soleil s’est voilé de sang
Le Soleil s’est voilé de sang
Drame d’après LA VIE ET MORT DU ROI JEAN de William Shakespeare
Comme dans toutes les pièces historiques de Shakespeare, la guerre pour la possession du pouvoir est au centre de la tragédie. C’est au cours de cette « Histoire tragique » que Jean sans Terre — frère de Richard Cœur de Lion — perd l’héritage continental de son père Henri II Plantagenêt qui s’étendait de la Normandie à l’Aquitaine. Il n’est plus que le roi d’Angleterre.
Conservant sur la scène les incidents relatifs à la lutte du roi Jean contre la cour de Rome, le barde élisabéthain fait cependant entrer dans l’action le meurtre du jeune Arthur de Bretagne, légitime héritier du trône dont Jean a usurpé le pouvoir. Ainsi restituant au drame une unité véritable, la mort douloureuse du roi Jean apparaît comme le châtiment mérité de ce crime.
Terrain vague pour guerre de succession
Le ROI JEAN, pièce méconnue de Shakespeare, fait polémique : d’aucuns considèrent la pièce comme mineure, d’autres s’abstiennent d’en parler – ce qui est peut-être pire. Sa dernière représentation en France date d’il y a plus de vingt ans, montée par Laurent Pelly dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes pour le Festival d’Avignon. Il est vrai qu’il y a plusieurs « manquements » au drame, des étranges omissions qui portent atteinte à une poésie rare et dont le lyrisme est parmi le plus noble chez Shakespeare.
L’intrigue remaniée par Olivier Dhénin est recentrée autour de la figure d’Arthur Plantagenêt, duc de Bretagne, dont la légitimité au trône est au coeur des batailles politiques et diplomatiques de cette histoire qui se déroule de part et d’autre de la Manche, en Anjou et dans le Suffolk. Il s’agit aussi de mettre en lumière la période trouble du Moyen-Age, époque obscure où la chevalerie défendait l’honneur sans pour autant ignorer la fourberie. Car si la guerre sert bien de toile de fond à l’histoire du Roi Jean, il n’est pas sûr qu’elle constitue le sujet de la pièce. Ou plutôt, elle est traitée par Shakespeare sur un mode qui n’a rien d’épique. Ce qui l’intéresse, c’est moins le fracas des armes, l’enchaînement des vengeances et l’exercice du panache (comme dans HENRI VI) que l’art de la politique sous toutes ses formes : cynisme, démagogie, calcul, opportunisme. Il n’y a d’ailleurs, dans cette sombre histoire, ni héros, ni personnage sympathique. Tous, rois, princes, reines, agissent selon une palette de motivations qui va du ressentiment à la lâcheté en passant par l’attentisme et l’égoïsme. De cette noirceur d’âme, la mort de l’enfant devient le symbole sublime et tragique, et la douleur de Constance se déploie dans un long chant funèbre, lamentation qui nous apparaît comme le lointain écho de la triste mort d’Hamnet, le fils de Shakespeare.
Bible
Avec Joshua Tyson, Zoé Schellenberg, Paul Hamy, Alexis Manenti, Loïc Mobihan, Marjorie Hertzog, François Pouron, Alyzée Soudet, Sandra Basso, Gabriel Caballero
Matériau textuel William Shakespeare
Mise en scène et scénographie Olivier Dhénin
Lumière Anne Terrasse
Costume Hélène Vergnes
Dramaturgie Chloé Pottier
Assistant à la mise en scène Corentin Veaute
Assistant à la scénographie Arturo d’Agostino
Maitre d’armes Paul Allègre
Régie artistique Thibaut Lunet
Régie plateau Héloïse Fizet
Création
Représentations
Automne 2024 / Hiver 2025
Nogent-sur-Marne, La Scène Watteau
Pau, Théâtre Saint-Louis
Rochefort, Arsenal Maritime
Durée du spectacle 120 minutes
Production
Winterreise Compagnie Théâtre – Scène Watteau