UNE LETTRE POUR EMILY DICKINSON

Une lettre pour Emily Dickinson

Opéra en un acte de Lockrem Johnson
Livret du compositeur d’après la pièce « Consider the Lilies » de Robert Hupton

Emily Dickinson (1830-1886) est connue comme la « recluse d’Amherst », du nom de la petite ville du Massachusetts où elle vécut. La poétesse américaine, aujourd’hui l’une des plus lues au monde, n’a publié de son vivant que onze poèmes ‒ sur quelque 1775 — une œuvre majeure rédigée sur des bouts de papier épars : fragments d’enveloppes, de cartons, d’emballages.

Emily Dickinson n’a jamais voyagé ni vu la mer. Ses compagnons sont les collines, le coucher du soleil, un chien nommé Carlo, grand comme elle-même et nommé d’après la lecture de « Jane Eyre ». Sa mère est indifférente à toute pensée, son père ne s’occupe que de ses papiers d’affaires. Il lui achète des livres, mais lui demande de ne pas les lire, « de crainte que cela ne lui dérange l’esprit ». Elle s’est peu à peu retranchée dans sa maison et dans son jardin, pour finir par ne plus quitter sa chambre. Elle aurait pu jouer un rôle dans la vie des lettres à Boston aux côtés de Thoreau et Emerson ; elle a préféré se confiner, quitte à passer pour folle. Après le départ et le mariage de son frère aîné Austin et la mort de ses parents, elle vivra seule dans la demeure familiale avec sa sœur cadette Lavinia à qui elle avait fait promettre de brûler ses poèmes après sa disparition. Celle-ci n’en a heureusement rien fait.

Argument

Il reste également des lettres, magnifiques, notamment celles qu’Emily a adressées à Thomas W. Higginson, influant essayiste et lui-même poète. Une correspondance d’une vingtaine d’année mais seulement deux visites à Amherst de la part du mentor. Dans une lettre de juillet 1862, elle lui avait fait son autoportrait : « Je suis petite, comme le Roitelet, mes Cheveux sont hardis, comme la Bogue de la Châtaigne ‒ et mes yeux, comme le Sherry dans le Verre, que laisse l’Invité ‒ Cela fera-t-il l’affaire ? ». La première visite a lieu le 16 août 1870. Il écrit alors à sa femme : « Petite ville tranquille, grande maison de brique avec un jardin, grand salon frais et austère. Arrive une femme petite, toute simple, pas belle, deux bandeaux de cheveux roux, un corsage de piqué blanc et un châle vert. » Elle lui tend deux lys d’une manière enfantine et lui dit qu’elle est intimidée.

Tel est cet instant particulier que Lockrem Johnson a choisi de mettre en musique : la rencontre entre la poétesse et celui qu’elle avait choisi pour maître mais dont elle n’écouta aucun conseil. Et Higginson de la dissuader de publier. Ses compositions, selon lui, manquent d’ordre, leurs rimes sont bancales, il juge leur style à l’image de leur auteure, « spasmodique », « incontrôlé » et « fantasque »…

Cet opéra de chambre tente de donner à comprendre la décision stupéfiante d’Emily Dickinson à se couper du monde, un monde qui ne la comprenait pas. L’œuvre composée en 1951 et créée par Manuel Rosenthal à Seattle au Cornish Theater met en lumière ce point de bascule où la plus grande femme de lettres américaine forge sa légende.

Bible

Avec Anne-Marine Suire, Alexandre Artemenko, Olivier Gourdy, Alexia Macbeth

Mise en scène et scénographie Olivier Dhénin Hữu
Chef de chant Emmanuel Christien
Lumière Anne Terrasse
Costume Hélène Vergnes
Régie Thibaut Lunet
Assistants au plateau Josselin Carsin, Chloé Pottier

Dossier de Presse

Représentations

Nogent-sur-Marne, La Scène Watteau
29 février > 2 mars 2023

Paris, L’Arlequin
Printemps 2025

CRÉATION FRANÇAISE

Durée du spectacle 35 minutes

Production

Winterreise Compagnie Théâtre • Théâtre Antoine Watteau • Avec l’autorisation du Lockrem Johnson Estate

  • auteur
    Lockrem Johnson
  • Date
    Printemps 2025