Le Tigre bleu de l’Euphrate
Le Tigre bleu de l’Euphrate
Monologue en dix scènes Laurent Gaudé
Argument
Alexandre va mourir. Après avoir battu le grand Darius, conquis Babylone et Samarkand, après avoir construit des villes et fondé un immense empire, il est terrassé par la fièvre. Il ne lui reste que quelques heures à vivre. Il ne tremble pas. Il contemple la mort et l’invite à s’approcher pour lui raconter lui-même ce que fut sa vie.
Alexandre parle et la mort l’écoute. Le laissant revivre l’ivresse de son épopée et ressentir, une dernière fois, le désir. Celui de ne jamais interrompre sa course. De s’enfoncer toujours plus loin, dans des terres inconnues. Le désir de rester toujours fidèle à cette soif intérieure que rien ne peut étancher.
Bible
Avec Paul Hamy
Texte Laurent Gaudé
Mise en scène et scénographie Olivier Dhénin
Lumière Anne Terrasse
Costume Hélène Vergnes
Assistanat à la mise en scène Haïet Ben Akremi
Atelier costume Delphine de Cazes
Régie plateau Héloïse Fizet
Note d’intention
Cette pièce naît d’un désir. — Travailler avec le comédien Paul Hamy est la source de ce désir. Lui confier sur le plateau un monologue envisage un temps de travail long, réflexif, délicat — ce à quoi nous aspirions depuis notre première collaboration autour du ROI LEAR où je lui avais confié un personnage synthétisant Edgar et le Fou. Paul est avant tout un acteur de cinéma, à la parole brève, au corps mouvant ; depuis que nous travaillons au théâtre, nous abordons la poétique des choses, le silence, le lyrisme de la phrase qui peut se déployer charnellement. À la recherche de cette œuvre dans laquelle nous irions encore plus loin dans le langage et le drame, la pièce de Laurent Gaudé s’est imposée à nous. Le personnage d’Alexandre prolongerait et amplifierait le travail que nous avions effectué autour de Shakespeare pour ma pièce CORDELIA.
Au désir initial se sont alors ramifiés deux autres désirs : le premier de se confronter au texte d’un grand écrivain français, le second de représenter au théâtre après tant de personnages de fiction la mémoire d’un personnage légendaire.
En faisant parler Alexandre de Macédoine, Laurent Gaudé permet de confronter l’homme à l’improbable. Cette Mort tant redoutée depuis la nuit des temps, Alexandre lui parle sans retenue, dans un aveu qui nous rappelle une épopée oubliée. Paul a l’âge du personnage, un corps athlétique, un regard singulier et une voix juvénile qui propose une variété infinie de murmures jusqu’aux graves les plus saccadés.
Se confronter à un héros mythique, c’est faire revenir une parole ancestrale, une mémoire perdue, et lui faire révéler notre réalité contemporaine. Tout le soliloque d’Alexandre est quasi-rétrospectif. Il se souvient de son existence. Il donne à entendre ce qu’il a été mais aussi à ce qu’il aspire à la fin de sa vie. Dans le texte de Laurent Gaudé, j’entends plusieurs voix : celle du désir, celle de la destinée, celle de la grandeur, celle de la folie. Une musique plus qu’une logorrhée qui rappellera qu’au temps des Grecs anciens le « poème » était « chant ».
Un travail polyphonique sera d’ailleurs l’un des moyens de la mise en scène pour retranscrire ces « chants » de l’âme. Ainsi la voix de Paul sera-t-elle travaillée à l’aide de différents dispositifs techniques : enregistrement stéréophonique de certains passages — comme si les mots étaient des réminiscences mentales ; fragments textuels filmés en plans serrés projetés sur les murs du théâtre — comme si le personnage se détachait de lui-même. L’espace scénographique devenant alors espace mental du personnage, permettant à l’acteur d’entretenir un dialogue avec la mort qui a si souvent jalonné mes pièces.
Reprendre l’histoire d’Alexandre, c’est aussi découvrir le poème éternel de la paix et de la guerre, de l’Orient et de l’Occident, du deuil et du désir, de la vie et de la mort. Pour faire voir cette histoire tragique, on donne la parole à l’homme derrière la fable. Tel un cénotaphe, LE TIGRE BLEU DE L’EUPHRATE renferme l’idée sublime du théâtre de la légende vive, de la parole oubliée et du livre lu, de la quête insatiable de l’homme sur l’ailleurs et l’inconnu — de la fatalité de l’être et de son éternel commencement.
Dossier de Presse
Représentations
Avant-première
Musée Hèbre, Rochefort
9 > 10 février 2018
JEU IN SITU
Musée national Gustave Moreau, Paris
13 février 2018
Nuit des Musées 19 mai 2018
Création
Théâtre de l’Opprimé, Paris
30 mai > 3 juin 2018
Durée du spectacle 1h45
Huit représentations
Production
Winterreise Compagnie Théâtre / Musée national Gustave Moreau
Co-réalisation Théâtre de l’Opprimé / Musée Hèbre Rochefort