La Mort à Venise : Tadzio parle
La Mort à Venise : Tadzio parle
Cantate scénique d’Olivier Dhénin d’après la nouvelle de Thomas Mann
Musique de Gustav Mahler
LA MORT À VENISE, c’est d’abord la nouvelle de Thomas Mann, mais le livre est devenu une musique, celle de Gustav Mahler : l’Adagietto de la CINQUIÈME SYMPHONIE dont s’est servi Luchino Visconti dans son adaptation cinématographique, MORTE A VENEZIA. De ce film, on garde des images à jamais liées à cette oeuvre, à ce titre, à jamais immarcescibles. Il y a un opéra de Britten également, DEATH IN VENICE, mais à l’instar de son oeuvre inspiratrice et du film, le rôle de Tadzio est un corps mutique : simple image en mouvement, pas de paroles, un rôle ici dansé. Une icône, donc.
Dans TADZIO PARLE, Olivier Dhénin recentre l’oeuvre mythique sur l’objet de sa contemplation et offre la parole à l’adolescent sublime. Cette figure de l’envoûtement et du réenchantement — puisqu’il ramène à la vie créatrice celui qu’il fascine — donnera enfin un voix aux émois sensuels qu’il suscite. Seul au plateau, Tadzio sera l’interprète de cette MORT À VENISE où il incarnera le ravissement de la beauté et l’innocence de la perdition. On sait que le personnage a réellement existé, et c’est son histoire qu’il va nous raconter.
L’œuvre de Thomas Mann
LA MORT À VENISE conte l’histoire d’Aschenbach, un artiste d’une cinquantaine d’années, au faîte de sa renommée. Anobli, jouissant de l’estime générale, vivant aisément grâce aux succès de ses écrits, celui-ci habite un quartier bourgeois de Munich où il mène une vie spartiate au service de son art : l’écriture. Aschenbach semble donc avoir une existence paisible, en n’ayant d’autres soucis que ceux de la création littéraire.
Pourtant, une « aventure » d’apparence anodine va bouleverser cette situation et le perturbera psychologiquement : lassé et fatigué par son travail, il part en voyage à Venise ; là-bas, à l’hôtel du Lido, il rencontre un noble polonais de quatorze ans nommé Tadzio. Aschenbach, subjugué par la beauté du jeune adolescent, consacre chaque instant de son séjour, qu’il ne cesse d’ailleurs de prolonger, à épier ses moindres faits et gestes.
Bible
Avec Gabriel Caballero
Mise en scène, scénographie et costume Olivier Dhénin
Piano Emmanuel Christien
Lumière Anne Terrasse
Régie artistique Thibaut Lunet
Extrait de la nouvelle de Thomas Mann
Il ne s’était pas attendu à la chère apparition ; elle venait à l’improviste et il n’avait pas eu le temps d’affermir sa physionomie, de lui donner calme et dignité. La joie, la surprise, l’admiration s’y peignirent sans doute ouvertement quand son regard croisa celui dont l’absence l’avait inquiété, et à cette seconde même Tadzio lui sourit, lui sourit à lui, d’un sourire expressif, familier, charmeur et plein d’abandon, dans lequel ses lèvres lentement s’entrouvrirent. C’était le sourire de Narcisse penché sur le miroir de la source, ce sourire profond, enchanté, prolongé, avec lequel il tend les bras au reflet de sa propre beauté, sourire nuancé d’un très léger mouvement d’humeur, à cause de la vanité de ses efforts pour baiser les séduisantes lèvres de son image, sourire plein de coquetterie, de curiosité, de légère souffrance, fasciné et fascinateur.
Création
Représentations
Printemps 2023
Durée du spectacle 60 minutes
Production
Winterreise Compagnie Théâtre